dinsdag 22 juli 2008

Le fossé belge et l’Europe plurielle

Dit weekend stond er in ‘Le Monde’ een analyse die thuishoort onder de categorie ‘riooljournalistiek’. Nochtans is Le Monde een internationaal gerespecteerde krant met veel invloed. De schrijver van het artikel, een vaste correspondent van de Franse krant, is een ex-journalist van Le Soir. Wat uiteraard ook geen toeval is…

Omdat een samenvatting van het artikel te subjectief zou zijn, zal ik hier de volledige tekst posten. Oordeelt u zelf maar…


Depuis treize mois et un scrutin qui a creusé le fossé entre les deux grandes communautés nationales, la Belgique - et l'Europe avec elle - est confrontée à une double question : ce pays est-il encore gouvernable et a-t-il, en fait, un avenir en tant que nation ? Le dernier épisode de la crise politico-institutionnelle belge n'incite, à cet égard, qu'à un peu plus de pessimisme. Il a commencé avec une démission inattendue du premier ministre Yves Leterme et s'est terminé trois jours plus tard, de manière tout aussi surprenante, par le refus du roi Albert II d'entériner cette décision. Avec, à la clé, la désignation de médiateurs censés dire si Flamands et francophones peuvent, oui ou non, négocier ensemble l'avenir du royaume chancelant.

C'est dans ce contexte que le pays célébrera, lundi 21 juillet, sa fête nationale. Il va falloir beaucoup d'imagination pour se convaincre qu'une telle commémoration a un sens alors que, par-delà la frontière linguistique, les politiques flamands et francophones s'invectivent. Au côté du roi, le premier ministre Yves Leterme tentera seulement de faire bonne figure, lui qui, en l'espace d'un an, a présenté trois fois sa démission au chef de l'Etat. Deux fois parce qu'il n'arrivait pas à former un gouvernement, une troisième parce qu'il ne pouvait plus le diriger sans mécontenter son parti.
Avant sa récente reculade, le leader chrétien-démocrate flamand semblait vouloir démontrer qu'il était capable d'endosser le costume de premier ministre fédéral. Il avait enfin proposé une discussion plus sereine, débarrassée des exigences de calendrier et de contenu. Il s'était rendu compte qu'il n'aboutirait à rien si la Flandre continuait à user, à l'égard des francophones, de menaces comme celles qui, il y a quelques mois, se traduisirent par un vote "bloc contre bloc", Flandre unanime - extrême droite incluse - contre minorité francophone. Cette dernière fut contrainte d'accepter la loi du nombre lors d'un vote sur le thème, hautement symbolique, de la scission du dernier arrondissement bilingue de Belgique, le désormais célèbre Bruxelles-Hal-Vilvorde.
Agissant (enfin) en arbitre, M. Leterme paraissait donc en mesure d'apaiser Bruxellois et Wallons. Mais finalement, il a quand même fait le choix de son parti chrétien-démocrate, le CD & V, et du "cartel" que ce dernier a formé avec les indépendantistes de la Nouvelle Alliance flamande (NVA), au détriment de son portefeuille et de l'intérêt du pays. "Je ne laisserai pas tomber le parti", aurait-il confié. Vraie ou fausse, la formule résume en tout cas l'état d'esprit d'un homme pétri d'ambition mais peu désireux, en tout cas, d'égaler ses prédécesseurs qui, de Wilfried Martens à Guy Verhofstadt en passant par Jean-Luc Dehaene, surent si bien jouer les équilibristes entre leurs origines et leur intérêt politique personnel d'un côté, les exigences et les lourdes contraintes de leur pays de l'autre. Ce faisant, ils devinrent des dirigeants de premier plan, dont l'Europe a vanté les qualités.
Yves Leterme incarne plutôt cette "nouvelle Belgique" qu'esquisse, avancée après avancée, son parti et, au-delà, un courant dominant en Flandre. Héritier du vieux combat, justifié, pour la reconnaissance de la langue et de la culture flamandes, ce mouvement a embrayé sur des revendications politiques, synthétisées dans le "modèle fédéral" mis en place depuis 1970. Alors que toutes ses demandes ont été satisfaites et que sa domination de l'Etat fédéral est solidement ancrée, la Flandre continue d'invoquer des raisons d'ordre historique pour justifier désormais des requêtes d'un autre type. Territoriales, parce que la présence - parfois massive - de francophones sur le territoire de la région reste perçue comme un risque, celui d'une nouvelle domination culturelle. Economique, parce que la Flandre, prospère et bien gérée, ne pourrait plus supporter des transferts d'argent "injustifiés" vers l'Etat fédéral. Comprenez vers une Wallonie qui se complairait dans le "hamac de la sécurité sociale", selon une formule qui fit florès.

"La Flandre qui gagne"
Cette Flandre-là - qui ne résume cependant pas la diversité d'une région multiple - cache aussi sous des alibis de "bonne gouvernance" un programme non exempt d'égoïsme et qui entend mettre fin aux "transferts d'argent injustifiés". Acceptables jusqu'à un certain point par les plus réalistes des francophones - ceux qui ne s'accommodent pas de la façon, hasardeuse ou scandaleuse, dont la Wallonie a été longtemps gérée -, ces arguments ne sont toutefois plus audibles lorsqu'on les confronte aux vraies exigences d'une majorité flamande. Exigences d'une scission, partielle ou complète, des politiques de la santé, de la fiscalité, voire de la justice.
Relayées par des médias, des leaders d'opinion et de nombreux responsables, ces idées ont irrigué en profondeur un parti comme le CD & V. Cadres et militants de cette formation, abreuvés d'un discours quotidien sur "la Flandre qui gagne" - à l'opposé d'une Wallonie qui perdrait volontairement -, se persuadent désormais que la Belgique fédérale n'est qu'un boulet qu'il ne faut plus traîner.
Que M. Leterme brise un dernier tabou et s'allie à un petit parti ouvertement partisan de la disparition du pays, et voilà ladite base en route pour une autre étape. Celle où l'éclatement de l'Etat paraît inéluctable et prend, dans un premier temps, la forme "douce" du confédéralisme. Histoire de ne pas sacrifier Bruxelles à un credo indépendantiste, certes mobilisateur, mais suffisamment réaliste pour ne pas laisser la région-capitale aux mains des francophones, qui y sont majoritaires.
Emporté par ce courant qu'il a lui-même conforté, amplifié, M. Leterme a récemment accusé les francophones de rendre "inconciliables" les positions au sein de l'Etat fédéral. Le propos est lourd de sens. Il reste donc à savoir pendant combien de temps encore le "modèle" belge, multilingue, multiculturel et riche de ses diversités, résistera à de tels coups de boutoir. S'il finit par être taillé en pièces ce système du consensus, du compromis et du débat, ce prétendu "laboratoire" d'une Europe plurielle finira par offrir à celle-ci la parfaite antithèse de ses valeurs. Une autre mauvaise leçon pour l'Union.

Correspondant au Benelux,
Jean-Pierre Stroobants

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